Après le rachat de Credit Suisse et la faillite de trois banques américaines, le monde financier et bancaire doit à nouveau affronter une crise de confiance. Des soubresauts qui questionnent un système où l’argent public est garant du sauvetage de banques privées.
Invitée : Myret Zaki, journaliste économique
Présentation : Jean-Philippe Schaller
Credit Suisse appartenait à ces banques labellisées “too big to fail”, trop grandes pour tomber. A l’instar de JPMorgan Chase, Bank of China ou HSBC, la banque suisse faisait partie de ces 30 banques mastodontes, tellement imbriquées dans l’économie mondiale, que les conséquences de leur faillite seraient si désastreuses qu’elles menaceraient tout le système financier.
“Rien n’est too big to fail”, rétorque Myret Zaki. La journaliste économique dénonce les dérives du système actuel: “Si on choisit un système libéral, la prise de risque est proportionnelle à la perte. Il ne faut pas essayer de contourner cela.”
Fallait-il donc laisser sombrer le numéro 2 bancaire helvétique? “Quand on laisse une banque faire faillite, c’est une piqûre qui immunise définitivement. Parce que les conséquences sont telles que cela ne se reproduit pas”, estime Myret Zaki. L’alternative du sauvetage par les autorités représente selon elle un mauvais calcul à long terme: “Si vous sauvez, eh bien, vous devez sauver tout le temps et vous ruinez votre système. Toute votre civilisation décline à cause de cette mauvaise allocation des ressources de l’Etat et des finances publiques.”
La journaliste s’inquiète particulièrement des potentielles répercussions sociales explosives de ces stratégies politiques. “On n’arrive plus à compenser les gens du renchérissement. On n’arrive plus à relever leurs salaires, on n’arrive plus à ajuster leur rente de retraite, on n’arrive plus à ajuster le taux minimal du 2ème pilier, on n’arrive plus à ajuster l’aide sociale. Et donc l’Etat, qui a tellement aidé la finance, il est en faillite, quand il s’agit d’aider la population dont il est censé protéger les intérêts”, déplore-t-elle.
En mars, le mariage forcé de Credit Suisse avec UBS a été organisé à la hâte, avec le soutien du Conseil fédéral et l’aide de la Banque nationale suisse (BNS), pour “préserver la stabilité financière et protéger l’économie”. Au total, 259 milliards de francs suisses ont été engagés dans le processus. Quelques jours auparavant, trois banques américaines, Silvergate, Signature et la Silicon Valley Bank font faillite. Des banques d’envergure moyenne et actives dans le secteur spécifique des nouvelles technologies. Et pourtant, là aussi, le gouvernement s’empresse d’intervenir. Joe Biden lui-même a garanti tous les dépôts des épargnants. Car l’objectif est bien d’éviter la contagion et de voir les banques s’effondrer les unes après les autres.
Depuis la crise financière de 2008, les banques ont dû se plier à de nouvelles exigences, comme la limitation des activités spéculatives, la supervision des grandes banques par les banques centrales ou la hausse des fonds propres et des liquidités. Si les Européens se félicitent des garde-fous mis en place dans la zone euro, la Réserve fédérale américaine (FED) s’est dit prête à “identifier où renforcer la supervision et la régulation”.
En Suisse, un carton rouge a en tout cas été adressé par le Parlement. Le Conseil national a symboliquement refusé de valider les garanties fédérales dans le rachat de Credit Suisse. Le gouvernement et les cadres de Credit Suisse ont dû essuyer une avalanche de critiques ces dernières semaines, à gauche, comme à droite.
Au sommaire:
00:00 Peur sur les banques
01:40 Banques et finance mondiale en crise
05:21 Myret Zaki: “Laisser une banque faire faillite, c’est une piqûre qui immunise définitivement”
11:32 L’endettement des Etats repart à la hausse
13:51 Myret Zaki: “Les Etats sont aujourd’hui surendettés à cause des sauvetages qu’ils ont dû faire en 2008”
20:18 Le Salvador, qui avait misé sur le Bitcoin, peine à sortir de l’endettement
23:15 En 2008, la crise des subprimes met le monde de la finance à genoux
Le site de Géopolitis : http://geopolitis.ch
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